Histoire économique et sociale des TI

nos comportements sont encadrés, on ne fait pas ce que l'on veut
parfois ces règles sociales paraissent fluides

trois termes pour parler des personnes :

• individu : définit ses propres règles en autonomie, libre et émancipé ("nous ne le sommes pas dans cette salle, nous appliquons une discipline sociale")
• agent : applique les rôles ("le terme n'est plus trop à la mode depuis les 70s")
• acteur : entre les deux, plus libre qu'un agent, "on y reviendra peut-être plus tard"

étendre à la société les méthodologies rationnelles utilisées dans d'autres secteurs scientifiques (positivisme "avec toutes ses limites de l'époque")

pendant longtemps, c'était la religion qui expliquait à la société sur quelles règles fonctionner
avec la laïcisation, émerge un besoin de trouver de nouvelles règles
c'est à ce moment-là que la sociologie apparaît, pour rendre visible ces nouvelles règles sociales

"la sociologie ce n'est pas de la psychologie, ce n'est pas du mentalisme ; on s'intéresse assez peu à ce que les gens ont dans leur tête, à leurs idées ou à leurs émotions"
"on considère que ces dernières sont le résultat de phénomènes sociaux"

institution sociale = cristallisation d'usages qui s'inscrivent dans la durée
"c'est comme un sentier sur lequel l'herbe ne repousse plus"
le numérique est "une nouvelle prairie sur laquelle on a déjà tracé des sentiers, construit des autoroutes"
"ce sont des phénomènes très classiques que la socio étudie depuis plus d'un siècle et demi"
"il y a des reproductions, des déterminismes" (ex. : usage du nom réel sur Facebook)
"sur Snapchat c'est plutôt la valorisation de l'individu émancipé"
"on reviendra sur la dimension psychologique et la différence avec la sociologie" : "du point de vue mainstream, les questions de numérique sont souvent traitées sous un angle psychologique"

données quantitatives/qualitatives
objectivisation : "en sociologie, on doit mettre à ses distances ses jugements de valeur"
la naturalisation, c'est quand on fait passer quelque chose de construit pour quelque chose de naturel : qu'on ne peut donc pas changer (d'où l'important de dénaturaliser ce qui est construit)
"on ne peut pas isoler un phénomène social dans une éprouvette comme en biologie"

la sociologie étudie des faits sociaux (le mariage, l'enseignement...)

"dans cette salle de classe, nous ne sommes pas dans des rapports interpersonnels, nos rapports sont médiés par des conventions : il vous paraît normal que je sois le seul à parler pendant 3 heures"

Bruno Latour a beaucoup travaillé sur les non-humains
Bernard Lahire a récemment publié sur ce sujet
"je ne vais pas en dire plus car ce n'est pas mon domaine d'expertise"

la numérisation des comportements transforme des lois sociales en lois naturelles : la part d'incertitude disparaît, tous les comportements possibles sont prévus

on a tous en nous une part d'impersonnel, un morceau de société

"la philosophie, c'est l'art et la manière de poser des questions de façon pertinente"
"les sociologues ont une formation en philosophie, mais la philo, c'est une réflexion en apesanteur ; la socio propose un protocole d'enquête pour valider ou une infirmer une problématique apporté par la philosophie"
"en gros, la philo pose des questions, la socio apporte des réponses"
"en philo, je vous recommande de lire du Vincent Descombes"

dévoiler, "désenchanter" le monde social

la sociologie peut saisir cette part d'imperceptible que les théories du complot tentent de saisir
"se mettre à distance des discours trop faciles : il y a bien une réalité invisible, c'est le sujet de la sociologie"

vérité objective/vérité subjective : exemple de l'économie sociale et solidaire (micro-crédits)

en philosophie/épistémologie, l'agent s'oppose au patient

en sociologie, "on n'essaie pas d'ouvrir le crâne de l'agent", on essaie de décrire leur comportement

pourquoi la sociologie ?
"sur le numérique, il y a beaucoup de déconstruction" : exemple de la réception initiale d'Uber

"si vous ne pensez le numérique qu'à travers les règles de droit, vous ne voyez qu'une toute petite partie"

gravure "Le bal des ardents"
"j'avance l'idée que les hackers sont un peu les "sauvages" de l'anthropologie désuète du XVIIIe siècle"

numérique = NTIC = digital = télématique ("dans un français ancien")

objectif : comprendre pourquoi l'informatique "a quelque peu bifurqué de son parcours d'innovation"

"la révolution tunisienne n'a pas attendu Facebook pour émerger, le pays était déjà organisé"
"parfois on s'identifie plus à sa guilde sur World of Warcraft qu'à ses groupes sociaux traditionnels"
émiettement de la frontière entre vie professionnelle et vie privée, "la communauté du libre était un peu en avance sur cet aspect"
"Parcoursup, pour intégrer les L1 aujourd'hui, on leur demande d'intégrer leur passions et leurs loisirs à leur projet"

collectif/social

• "collectif" : c'est l'individu qui prime
• "social" : l'agent est discipliné, il internalise les règles sociales

"Internet c'est une connexion d'individus : l'espérance, c'est de mettre à bas toutes les intermédiations, bâtir une société d'individus"
"mais une société ne peut pas se bâtir sans intermédiaires : peut-on bâtir de nouveaux intermédiaires, qui laissent plus de place à l'individu ?" "c'est comme le bitcoin et les Blockchains"

lien entre une machine (l'imprimerie) et une notion socio-politique (l'auteur et son nouveau "droit")
"la technologie, ce n'est pas que du matériel : c'est des nouveaux métiers, qui en remplacent d'autres, les gens s'en saisissent et doivent s'adapter"

"l'imprimerie, c'est le début de l'institutionnalisation d'une société civile indépendante"

les mythes ont vocation à nous accompagner pour mieux saisir le progrès technologique
ne pas confondre mythique et mystique

"une fois que ces technologies rentrent dans notre quotidien, on s'aperçoit qu'elles ne sont pas aussi magiques que ça"

"vous devez comprendre l'humour geek pour faire ce master"
"The IT Crowd c'est un indispensable, Silicon Valley c'est pas mal non plus"

"vous devez impérativement connaître Evgeny Morozov", "il montre bien l'articulation entre la Silicon Valley et Wall Street"
"l'application Uber, c'est un projet de société" : l'Idéologie californienne

"on aurait très bien pu protéger les données personnelles d'une autre manière, ça madame Koumpli a dû vous en parler"

pour Gilbert Simondon (années 60), la perfection d'une machine ne réside pas dans son automatisme : "il parle des fanboys Apple"

"un petit détour par Marx, c'est toujours intéressant - le Marx économiste hein, après chacun fait ce qu'il veut"
"on a envie de pouvoir travailler tout en étant à la plage entre deux sessions de surf, c'est le digital nomad"

"le régime politique dans lequel on est favorise ou non l'organisation du travail, et les marchés politiques"

"il faut expliquer ce qu'est la cybernétique"
"la lecture cybernétique de la société transforme tout événement en information, et donc en donnée" : "c'est un mouvement de pensée qui a touché toutes les disciplines"
"une société, ce n'est plus des riches et pauvres, des humains et des non-humains, des autochtones et des allogènes : c'est des flux d'information"
la question qui devient dominante est celle de l'accès, et non plus de la domination
s'il y a un conflit, il s'explique ainsi par un manque de fluidité, on fait comme s'il n'y avait plus de dominants ni de dominés

"l'économie de la présentation, poussée à son extrême, c'est l'empire du chiffre"

"plus on est seul, plus on se suicide, comme l'a dit (Albert Camus ?)"

"ma grand-mère ne se sentait pas insultée si le député pour lequel elle avait voté ne portait pas l'intégralité de ses positions"
"on acceptait que sa position individuelle soit diluée"

Déclaration d'indépendance du cyberespace (Barlow) : "la frontière, aux USA, c'est un espace d'échange, une notion d'espoir"

le Homebrew Computer Club : "qui accepterait volontairement d'acheter un appareil pour son oppression ?" ("on voit bien qu'aujourd'hui, bof")
"on passe du logiciel partagé au logiciel propriétaire" (cf. logiciel libre)

"je voudrais déconstruire la définition du hacker"
"c'est Benjamin Bayart qui m'a raconté que le hacker, c'est l'homme préhistorique qui au lieu de jeter des cailloux sur ses potes, a essayé d'en taper un sur l'autre et a domestiqué le feu"
"Richard Stallman est le dernier des vrais hackers"

la figure du hacker prend le relais de la figure de l'ouvrier après la chute de l'URSS, "une sorte de tribu"
Pekka Himanen : le hacker aurait un rapport au travail radical, qui n'aurait rien à voir avec celui des générations précédentes (le fun, la passion, l'argent n'est pas un but, organisation en bazar (par opposition à la cathédrale)...)
- les hackers ne travaillent pas : ils s'amusent (comme les "bons sauvages" de Voltaire)
- le hacker aurait une religion fétichiste, une relation à un objet qui détiendrait la vérité du monde : la subjectivité des paquets (logiciels), "comme si des lignes de codes auraient un espèce de désir en quelque sorte" (la Vérité est dans le code)
- le hacker serait anarchiste : critique de l'autorité
"hacker" est devenu un ethnonyme : culture, éthique, langue, accoutrement, nourriture exotique (Eric Raymond : "le hacker se nourrit de bande-passante, de disque dur")

"depuis quelques années, on est tombés dans une lecture culturaliste du monde social, comme si une culture venait dicter nos comportements"
"c'est ce qu'on appelle parfois la lepénisation des esprits : on serait tous dans des boîtes, on ne pourrait pas passer d'une culture à d'une autre, y'a eu le scandale des burgers halal à Quick"
"il ne faut pas confondre déterminisme et incertitude : dans le monde social, on n'est pas obligé d'appliquer nos déterminismes"
"la lecture culturaliste du monde social va bien au-delà : on passe des règles sociales aux lois naturelles, il y a une automaticité"

"il est évident que tout le monde ne travaille pas dans l'informatique par passion"
"un truc qu'on trouve déjà chez Weber ('l'Éthique protestante du capitalisme"), c'est vieux : intériorisation de la contrainte"