La privatisation numérique. Déstabilisation et réinvention du service public (Jeannot et Cottin-Marx)

L'expression « privatisation numérique » doit être comprise ici dans un sens large comme un nouveau chapitre de la « privatisation des États » telle que formalisée par Béatrice Hibou*, bien au-delà de la vente ou de la mise en concurrence des sociétés publiques.

* (...) La privatisation numérique s'inscrit aussi comme une extension de la notion de « nouvelle privatisation » qu'Isabelle Baraud-Serfaty mobilisait pour décrire les nouveaux partages dans la gestion urbaine entre collectivités territoriales et secteur privé traditionnel issu du numérique.

"Cependant, on retrouve dans la privatisation numérique certains effets néfastes des mouvements précédents de libéralisation et de privatisation" :

  • "l'argent public est mis au service du déploiement de l'offre de majors du numérique sans contrepartie fiscale" (fibre optique et Netflix)
  • "écrémage" "sans possibilité de péréquation" (trotinettes et Blablacar)
  • "question traditionnelle du déficit de compétence" ("gadgets" des "villes intelligentes")
  • "concurrence sur le coût du travail"
    "Il y a également des problèmes spécifiques au numérique" :
  • "renforcer des inégalités existantes", entre "rapides du clic" et les autres (réservation de vaccin)
  • "hiérarchie entre intérêt général et intérêt particulier" (Waze et routes de desserte locale)
  • coût caché par la gratuité : "valorisation de données personnelles"/"pratiques de dumping) (cf. Enshittification)
  • souveraineté (Health Data Hub)