Pierre-Henri Morand
"j'aimerais bien qu'on se serve plus des forums"
"l'économie c'est la science de l'arbitrage, vraiment ce n'est rien d'autre que cela"
on ne peut pas télécharger une chaise
mais la technologie numérique transforme l'activité économique au niveau des données (réduit le coût de stockage, de calcul et de transmission)
autre ex : le classement des résultats de recherche va avoir un impact considérable sur l'économie
"moi je reste sur les épaules des géants" (Adam Smith ? le prof ne semble pas marxien)
"une chaise, ce n'est pas la même chose qu'une appli"
l'étude de ces transformations (qui sont donc principalement des baisses de coût) s'appelle l'économie numérique
"ce n'est pas une définition officielle mais c'est la mienne"
5 réductions de coût :
point de départ historique ("les informaticiens hurleraient") :
années 90 : le transfert aux marchés
"ce n'est pas (la micro des années 80) qui m'intéresse en tant que prof d'économie"
"on voit mal pourquoi le petit-fils de la kinésithérapeute de la 2e femme de Maurice Ravel toucherait des droits sur le Boléro"
"on n'a pas vu d'effets réells massifs de réduction des prix" : pourquoi ?
concernant la diversité des produits : "aucun disquaire de Besançon n'allait mettre du Sonic Youth dans ses bacs"
longue traîne
"ce qui s'applique à la musique s'applique aussi aux idées politiques" : "on ne pouvait pas être platiste au XXe siècle"
ce qu'on a constaté empiriquement dans les 20 dernières années, c'est que les interfaces qui contrôlent l'information donnée au consommateur ne donnent pas une information uniforme
"comment je remonte dans les classements des algos ?" un nouvel espace de concurrence est apparu
différenciation horizontale ("le lecteur de Valeurs Actuelles ne va pas aimer lire Libération") / verticale ("les câbles HDMI")
dans la réalité économique, les produits ne sont jamais totalement différentiables horizontalement ou verticalement, "y'a un peu des deux"
"ce qui va être important pour un produit verticalement différentié (à prix égal), c'est l'avis des autres"
cascade informationnelle : "si vous allez dans une rue pleine de restos identiques, vous allez choisir le premier"
c'est un exemple d'effet superstar
deux effets contradictoires :
concernant l’appariement : dans les faits, l'hypothèse de l'amélioration ne s'est pas validée
en revanche, on a vu l'émergence de services numériques qui ne pouvaient pas exister dans le monde physique = le peer-to-peer
ça change énormément le paradigme économique
"vos prix de vente ne peuvent pas dépendre des coûts de production, ils doivent dépendre d'autre chose"
"gratuité" numérique = piratage / gratuité volontaire
tout l'écosystème de la revente de données - une partie de la gouvernance des données - est une conséquence logique du mode de production particulier des biens numériques
coûts fixes : "quand Airbus crée l'A380, même s'ils en vendent zéro, le personnel qu'ils auront formé, les brevets qu'ils auront déposé et les machines qu'ils auront acheté leur serviront à autre chose"
"avec un article de presse, ces investissements sont irrécupérables"
pour produire quoi que ce soit, il va falloir supporter des coûts fixes (CF) (il faut embaucher des gens, acheter des machines)
coûts variables (CV) : ne dépendent que de la production ("si je produis rien mes CV sont nuls")
CF + CV = CT (coût total)
"quand le coût marginal est de zéro, l'échelle de production optimale, c'est celle qui écrase le marché : on voit bien que le numérique crée du monopole par nature"
"et un monde non-concurrentiel, c'est un monde qui s'éloigne de l'optimum social"
il y a deux types de CF : ceux récupérables CFR (des machines) et ceux irrécupérables CFI (la R&D)
"le numérique est à la fois une économie qui tend vers le risque absolu et vers le monopole"